Petites boîtes
Aujourd’hui, je souhaiterais parler de boîtes. Ces petites boîtes dans lesquelles on enferme des catégories de personnes selon leurs origines, leurs métiers ou autre.
J’ai pris conscience il y a peu de temps, que j’étais la première à rire des personnes racistes qui ont « un ami » d’ origine étrangère et qui est, d’après eux une exception.
… Jusqu’au jour où je me suis rendue compte que je faisais exactement la même chose. Pas par rapport aux origines d’une personne, bien sûr, mais par rapport à des professions ou des groupes de personnes.
Ce constat m’a interpelée et m’a donné matière à réflexion.
On a tendance à classer les gens par catégories. Par rapport à leur métier, à leurs orientations politiques, leurs origines… On les range dans des petites boîtes avec pleins d’adjectifs, bien souvent péjoratifs pour les définir.
Cette façon de faire enlève toute humanité aux personnes qui entrent dans ces catégories, ce qui fait que lorsqu’on rencontre un représentant de ces catégorie, on est surpris « – C’est un chasseur, mais il n’est pas comme les autres »…
Si on réfléchi, on se rend compte, qu’en fait on ne connaissait aucun chasseur et qu’on avait juste une représentation de ce groupe de gens. Une représentation bien souvent faussée, stéréotypée et pleine de préjugés.
Cette façon de mettre les gens « en boîte » me semble dangereuse, car en enlevant toute humanité à un groupe de personne, on peut lui taper dessus sans problème de conscience.
Nous avons tous tendance à fonctionner comme ça, faisant des généralités sur des catégories de personnes par rapport à des faits divers ou bien par rapport à une expérience vécue. Si on y prête attention, on se rend compte que moins on connaît un groupe de personne, plus on a tendance à stéréotyper ce groupe, et par le même processus, moins on connaît un individu plus on a tendance à le classer dans une de ces fameuses boîte.
J’imagine que cette façon de classer, de catégoriser est un réflexe humain qui favorise le repos de l’esprit en ne s’arrêtant pas à chaque détail, et qui nous aide ainsi à évaluer plus rapidement notre environnement.
Cela nous permet de structurer, d’organiser, de contrôler le monde dans lequel nous vivons afin de pouvoir s’y mouvoir en sécurité.
C’est un bon outil, mais il me paraît essentiel de l’utiliser à bon escient et de regarder l’humain et non la petite boîte dans laquelle nous l’avons rangé. D’autant plus que cette petite boîte est une prison. Pour tout le monde ! Et oui… à chacun sa boîte… choisie ou imposée.
Si on est prof et qu’on est casé dans la boîte « Les profs », ce n’est pas très confortable, puisqu’on nous a enlevé toute individualité. D’autant plus, qu’on n’est pas seulement prof. On peut être prof, écolo, bobo… On peut nous ranger dans plein de boîtes différentes, suivant la vision que l’on a de nous. Aucune ne nous correspond vraiment…
Le pire, d’après moi, c’est que cette façon de voir le monde, nous oblige à choisir notre boîte… Choisir notre camp, en quelque sorte.
Du coup, on se sent obligé de correspondre au maximum à l’étiquette collée sur notre petite boîte, quitte à faire quelques concessions…
Puis on arrive au summum du processus : Ne pas être rangé dans une mauvaise boîte… une boîte sur laquelle il est écrit « méchant, idiot, indigne… »
Pour ne pas être enfermé dans cet ignoble contenant, ce ne sont plus quelques concessions que l’on fait. En fait on se tait… on ne s’autorise plus à réfléchir… on s’ auto-censure…
Bienvenus dans la dictature de la pensée unique… de la bien-pensance…
Alors, le jour où vous vous entendrez dire : « Les profs », « Les écolos », « Les militaires »… Même si vous avez besoin d’utiliser ces petites boites pour expliquer quelque chose, ne vous prenez pas trop au sérieux. Rappelez-vous que chaque individu est unique et inclassable. Sachez que ces fameuses boites ne servent qu’à diviser.
Sortez de vos boites. Montrez l’exemple. Tendez la main, aidez les autres à s’extirper de ces prisons.
… Et surtout, n’ayez pas honte de penser… de réfléchir… Libérez la parole… Libérez vous…