Le porteur de lumière

Le porteur de lumière était un archange magnifique et puissant.Il représentait la lumière et la connaissance. D’une grande bonté, il décida un jour d’apporter la connaissance aux êtres de la terre.

Il trouvait triste de voir ces êtres se débattre dans une existence difficile, alors que la connaissance les aurait libérés de beaucoup de difficultés.

Il rendit visite à son ami l’éléphant et lui proposa de lui offrir la connaissance. Après réflexion l’animal lui répondit que c’était une trop grande responsabilité. Il n’en voulait pas.

Un peu vexé, le porteur de lumière proposa la même chose à la baleine qui refusa à son tour, expliquant qu’elle préférait que son peuple trouve et expérimente par lui-même .

La fourmi n’en voulut pas non plus. Elle pensait que ça allait compliquer la vie de sa fourmilière de devoir gérer en plus quelque chose de si important.

L’oiseau pensait que son peuple n’était pas prêt à recevoir un tel cadeau.

Les singes se mirent à rire, pensant que le porteur de lumière se moquait d’eux.

Déçu, le porteur de lumière s’était résigné à ne pas partager son savoir. Il s’était trompé en s’imaginant les peuples de la terre émerveillés par ce magnifique cadeau. En fait ces êtres n’étaient pas assez intelligents pour comprendre l’intérêt de posséder la connaissance.

Il en était arrivé à cette conclusion, quand un bipède, ancêtre du singe qui survivait difficilement vint lui expliquer que son peuple, le peuple des hommes était prêt à accepter cet étrange présent.

– Nous n’avons pas la force de l’éléphant, ni l’organisation du peuple des fourmis. Nous ne savons pas voler comme l’oiseau, ni nager comme la baleine et nous n’avons pas l’agilité du singe, mais grâce à la connaissance, nous aurons tout cela et même plus !

Le porte-parole des hommes agitait ses petits bras et bombait son torse. Le porteur de lumière, heureux de constater qu’il y avait quand même une créature sur terre avec laquelle il pourrait partager son savoir, prit ce peuple sous sa protection et lui enseigna tout ce qu’il savait.

Les hommes apprenaient vite et bientôt ils n’eurent plus besoin de leur enseignant qui les quitta avec le sentiment du devoir accompli.

Très fier de lui, le porteur de lumière, rejoignit les archanges, qu’il trouva très fâchés. Il avait partagé leur savoir, sans même les concerter.

Il leur expliqua qu’il trouvait injuste d’avoir une telle connaissance et de ne pas en faire profiter d’autres êtres.

– Ne vous inquiétez pas leur dit-il, je l’ai donné au peuple le plus intelligent de la terre. Les autres sont tellement idiots qu’ils ont refusé par peur ou par manque d’intérêt.

Les archanges, effarés lui expliquèrent que justement il avait donné ce cadeau au moins sage des êtres de la terre.

– Les hommes n’ont vu que l’intérêt immédiat et il n’ont même pas imaginé les dangers d’une connaissance mal maîtrisée. Il est fort à parier, qu’ils utiliseront ce savoir n’importe comment et qu’ils mettront la terre à feu et à sang !

Ils chassèrent le porteur de lumière de leur confrérie.

Celui-ci, abandonné de tous erra longtemps. Il observait les hommes qui proliféraient sur la terre, semant la destruction, s’entre-tuant. Utilisant la technologie en dépit du bon sens. Technologie qui était entre les mains d’une poignée d’êtres… pas les plus sages bien sûr.

Il dû se rendre à l’évidence, les Archanges, ses anciens compagnons avaient raison !

Encore plus invraisemblable, son nom « Lucifer » qui voulait quand même dire « porteur de lumière » s’apparentait à un démon… un être abominable…

Les humains, ces êtres faibles auxquels il avait donné le pouvoir, ces êtres qui sans lui ne seraient rien, ces êtres qui n’avaient aucune sagesse, s’imaginaient tout connaître, tout maîtriser… Ils se sentaient supérieurs à toutes les espèces qui peuplaient la terre et pensaient avoir droit de vie ou de mort sur tout.

Non contents d’utiliser la connaissance en dépit du bon sens, les hommes ne se souvenaient même plus qu’ils devaient leur pouvoir au porteur de lumière.

Oublié des hommes, rejeté par les Archanges, une haine implacable submergea l’Ange déchu.

Lucifer était né.